Poème En Marche Arrière (PEMA1)

Marcher dans tes pas n’est plus une question de confiance quand elle condamne notre propre vie pour la transformer en survie. Devons-nous te suivre aveuglément ou nous mèneras-tu à notre perte ? Nous pouvons dire non, nous pouvons dire stop mais tu continueras à avancer sans regarder en arrière. Tu laisseras dans ton sillage tes mensonges éhontés qui nous font croire que le meilleur sera à l’arrivée, que le chemin est semé d’embûches mais que nous devons marcher pieds nus pour offrir nos chaussures à ceux qui en ont le plus besoin, ceux qui viennent de plus loin, d’au-delà des frontières. Quand toi-même tu prends le temps de t’offrir une nouvelle paire de souliers bien vernis pour y regarder ton reflet souriant à pleines dents. Toi seul y vois les crocs luire, tellement astiqués à force de rayer le parquet de tes ambitions.

 

Tu fais de nous des pénitents, des pauvres pêcheurs convertis en prêcheurs. Car ta marche n’est pas silencieuse. Un murmure sourd ourdit-il la révolte ? Tu ne le sais que trop bien mais tu as choisi de l’ignorer. Et tu continues à parler sans écouter, tu continues à avancer sur ton bulldozer rutilant sans un regard pour les passants hagards. Certains s’effondrent comme des pantins désarticulés. Avec leurs têtes qui basculent, ils se sont résignés. Ils voient leurs pantalons troués et pleurent en silence.

 

Mais d’autres gardent la tête haute et refusent d’accepter leur sort, du moins pas sans se battre pour leurs droits. La vieille dame ne veut pas se soumettre mais il est trop tard pour se revendiquer Insoumise… Elle le fût pourtant à une époque. La France a cédé, elle a été faible, elle a été lâche par peur de l’inconnu, par peur d’un monstre différent, par négligence, par méconnaissance mais certainement pas par indulgence. En misant sur la sécurité, elle s’est tirée une balle dans le pied. Et ceux qui n’ont rien dit pour faire entendre leur voie blanche, se lèvent aujourd’hui pour faire entendre leur colère noire d’une nouvelle voix… Ils voient que la voie de la raison n’est plus d’actualité et qu’elle laisse place à la voie des désillusions.

 

Le temps des marionnettes est arrivé. Le bal des pantins qu’on range dans un hémicycle pour les faire voter en pleine nuit. Quelques noctambules paumés qui ne comprennent pas trop de quoi on leur parle. Le jargon usité par les habitués de la langue de bois ou des tours de passe-passe ne laisse que peu de place à une compréhension de la partie qui se joue. Les grands mangent les petits, c’est la dure loi de la vie et c’est la seule qui prévaut. Celui qui a le pouvoir a tous les choix. Et l’exemple n’est-il pas censé venir d’en haut ? Comment en vouloir aux petits qui grugent le système pour s’en sortir quand les grands font de même ? La différence est que la loi s’applique pour quelques euros mais pas pour des millions…

 

Quand tout le système devient injuste et corrompu, est-on encore en République ?

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